Dessenheim possède une histoire riche à différents niveaux :
- l’histoire du village en lui-même,
- l’histoire du Commandant Marin-la-Meslée,
- l’histoire de son Eglise dénommée « Cathédrale de la Hardt ».
Le village
La région de DESSENHEIM fut, depuis l’aube des temps, un lieu de passage ou de séjour pour l’homme. Le ban de la commune est traversé (Nord/Sud) par une très ancienne voie, peut-être même celtique. Plus tard, une voie secondaire (Est/Ouest) vint croiser celle-ci à Tessinheim, rejoignant, près de Fessenheim, la grande route romaine reliant, lors de l’apogée de Rome, Milan en Italie à Mayence en Allemagne et prenant la direction d’Appenwihr pour rejoindre le Castel romain à Horbourg.
L’origine de DESSENHEIM (altitude de 201 m) est probablement romaine et peut-être même celtique, étant donné la découverte de tessons de vases au chemin d’Obersaasheim. Précédemment nommé Tessinheim, Thessenheim, Tessenheim, Teszenheim, ce n’est qu’après 1661 que l’on retrouve la dénomination actuelle de « DESSENHEIM».
De nombreux tumulus, probablement d’origine celtique, lieux où les druides offraient des sacrifices aux dieux, sont encore visibles dans la forêt de DESSENHEIM. Sous Napoléon III, une grande partie de ces tumulus a été fouillée. On y aurait découvert plusieurs squelettes ainsi qu’une épée actuellement exposée au Musée du Louvre à Paris.
Cité comme possession de l’Abbaye de Murbach en l’an 735, le village connut, comme beaucoup d’autres, des périodes calmes entrecoupées de périodes troubles. Il appartenait aux Habsbourg jusqu’en 1648. Aux alentours de 1259 était érigé, dans le village, un château appartenant à deux seigneurs «Jean de Norgassen» et «Rudlieb von Norgassen». Il nous reste que peu d’éléments pour certifier l’authenticité de cet ouvrage, si ce n’est le sentier «Schlossereinpfad» (sentier du château) et, avant la Révolution, le «Schlossacker» (terrain du château).
En 1394, le village comptait 35 hommes (les femmes et les enfants ne rentraient pas dans le recensement) dont 15 étaient agriculteurs propriétaires et 20 des ouvriers journaliers. En 1400, après une grande guerre, la commune ne comptait plus que 40 habitants. En 1409, les hommes du Seigneur de Ribeaupierre pillèrent le village. Le 9 Juin 1446, «Tessenheim» fut pillé et incendié par l’armée baloise. Ce fut probablement aussi la fin du château.
En 1619, pendant la guerre de trente ans, le village fut à nouveau pillé par les soldats espagnols et la population, prévenue par les Autrichiens, put trouver refuge dans la forêt. En 1632, à l’arrivée des soldats suédois et de leurs mercenaires, les habitants se sont d’abord réfugiés dans une redoute construite dans la forêt (encore bien visible sur la parcelle 21), avant de partir en Suisse. Les 11 et 12 avril 1635, des troupes de Lorrains renforcées par des Croates passaient par Tessenheim pour se rendre à la bataille de Mümelgard et mirent le feu au village inhabité pour le détruire entièrement.
En 1795, pendant la Révolution, on enleva toutes les croix, même celles des tombeaux du cimetière. Il n’en restait plus que deux sur l’église. En 1801, le village compta 765 habitants et un nouvel ouvrage fut construit dès 1806, le canal du Rhône au Rhin. En 1831, la population du village atteignait 920 âmes. En 1851, le cimetière fut transféré de la Place de l’église à l’endroit actuel. Le 2 février 1867 fut le début de la construction de la Mairie/Ecole, suivie de celle de l’Eglise dont la première pierre fut posée le 4 juin 1873. La commune comptait alors 1062 habitants. En 1886, la commune compta un bureau de poste et une agence de télégraphie. Puis, en 1900 on y ajouta un poste de téléphone.
En 1917, lors de la 1ère guerre mondiale, les autorités allemandes prélevèrent 37 tuyaux en étain de l’orgue ainsi que les trois plus grandes cloches pour le compte du ministère de la guerre allemand. En 1925, le cheptel de la commune fut de 193 chevaux, 233 vaches à lait, 409 bêtes bovines, 439 cochons ; le village est à vocation agricole.
En 1939, ce fut l’exode. Une grande partie de la population fut transférée à Cocumont dans le Lot-et-Garonne pour une période de 13 mois.
Le 4 février 1945, le Commandant Marin-la-Meslée fut abattu par la flack allemande. Un monument formant une étoile blanche fut érigé à l’endroit où l’avion s’écrasa.
En 1978, création des armoiries d’après la sculpture relevée sur une borne délimitant le territoire de la commune :
- mitre et crosse évoquant St-Léger, patron de l’église,
- «de gueules à la face d’argent» (émail rouge sur métal), blason de la Maison d’Autriche.
Le Commandant Marin-la-Meslée
Le 4 février 1945, au sud de Dessenheim, s’écrasait le « Thunderbolt » du Commandant Marin-la-Meslée, commandant le groupe de chasse 1/5 “Champagne”. Leader d’un groupe de quatre appareils, sa mission était de soutenir, par une attaque au sol, l’action des troupes alliées dans une poche de Colmar pas encore totalement colmatée, Colmar ayant été à peine libéré deux jours avant et les forces ennemies étant encore nombreuses dans ce secteur. Lors d’un premier passage, un coéquipier de Marin-la-Meslée est abattu : le sergent-chef UHRY. Au cours du second passage, le leader sera descendu à son tour.
Edmond Edouard Raymond MARIN-LA-MESLEE était né le 5 février 1912 à Valenciennes. Fils de Edwin Athelstar Jules MARIN-LA-MESLEE (ingénieur né à Sidney/Australie et fondateur du club de pilotes de Valenciennes) et de Monique Eugénie Marthe DUCARNOY, il était le 5ème enfant d’une famille de dix. Il avait étudié au Collège Notre-Dame de Valenciennes, puis au Collège Saint-Joseph de Lille. Comme son père, il était passionné des avions et avait obtenu, le 1er août 1931, son brevet de pilote à Villacoublay, à l’école Morane. Nommé sous-lieutenant en 1938, il a été affecté à la 5ème escadre de chasse au groupe 1/5 qu’il ne quittera plus. Le 1er septembre 1939, la guerre trouve MARIN-LA-MESLEE prêt au combat. Il accumule bientôt les victoires. Il commence le 11 janvier 1940 en abattant un DO 17. A partir du 10 mai, il se bat furieusement.
Le 18 juin, alors qu’il comptait déjà 14 victoires, MARIN-LA-MESLEE prend la tête du 1/5, à la place du capitaine ACCART, blessé. Il remporte encore cinq victoires et termine la campagne avec 20 victoires obtenues en 101 missions de guerre. Puis le 1/5 passe la Méditerranée et s’installe sur le terrain de Fez (Maroc). Il faut attendre le 1er octobre 1944 pour voir le groupe attaquer en France l’ennemi qui bat en retraite. MARIN-LA-MESLEE conduit ses P 47 au-dessus des plaines d’Alsace et attaque l’ennemi à la bombe et à la mitrailleuse.
C’est au cours d’une semblable mission que, le 4 février 1945, il se fait toucher de plein fouet par la Flack et meurt avec son coéquipier le sergent-chef UHRY, après sa 218ème mission de guerre. Le corps de MARIN-LA-MESLEE fut retrouvé intact dans les débris de son appareil. Sa mort avait été provoquée par quelques petits éclats d’obus à la base du crâne. Les allemands transportèrent son corps au cimetière de Rustenhart pour l’inhumer ; c’est l’Abbé Weber, alors curé de Rustenhart, qui lui donna une sépulture au cimetière de ce village où, huit jours plus tard, les honneurs militaires lui furent rendus, ainsi qu’à son camarade de combat, le sergent-chef UHRY, inhumé près de lui.
Quelques années plus tard, un mémorial en forme d’étoile d’aviateur a été érigé à sa mémoire sur le lieu même où son avion a été abattu, entre Dessenheim et Rustenhart. C’est d’ailleurs là que repose son corps.Quant à celui du sergent-chef UHRY, il repose à la nécropole militaire de Sigolsheim.
L’Eglise (dénommée « Cathédrale de la Hardt »)
L’église Saint-Léger de Dessenheim, immense édifice néo-romano-gothique, fut reconstruite en 1873 à l’emplacement de l’ancienne dont l’importance ne correspondait plus au besoin de la population. Cette église, dont le bâtiment s’impose sur le village et le clocher domine toute la plaine, a été appelée « Cathédrale de la Hardt ».
Heilmann fut l’architecte et Eugène Schwartz d’Altkirch l’entrepreneur. En 1893, les frères Ungerer de Strasbourg installent l’horloge de l’église en échange de celle de la Mairie (le clocher de la Mairie est encore visible actuellement, les aiguilles ont été enlevées ainsi que la cloche qui rythmait la vie du village lors de la reconstruction du village).
- 1846 : le tableau de Saint-Sébastien, peint par Seelenmayer de Molsheim
- 1851 : la statue de la vierge, œuvre des frères Faller d’Ammerschwihr, ainsi que la statue de St-Jean
- 1852 : les 14 tableaux du chemin de croix, œuvre de Joseph Jenny de Colmar
- 1895 : le confessionnal côté femme, et en 1896 celui côté homme, furent installés par Simon Gringer d’Obersaasheim
- 1872 : le tableau de l’Immaculée Conception exécuté par l’artiste Carola Sorg
- 1873 : l’artiste verrier Brettinger de Zurich installe les vitraux de Saint-Léger et de Saint Sébastien
- 1896 : la chaire, œuvre de Théophile Klem (sculpteur à Colmar), représentant le Christ entouré des quatre évangélistes
- 1898 : la croix en bois en face de la chaire, œuvre du sculpteur Klem de Colmar, ainsi que le banc de communion 8b
- 1901 : autel de la Sainte Vierge avec les statues de Sainte-Anne et de Sainte-Thérèse, statues polychromées à Munich
- 1901 : installation du nouvel orgue par le facteur Ringenbach d’Ammerschwihr
- 1902 : l’église a été dotée de l’autel Saint-Joseph ainsi que les statues de Saint-Sébastien et Saint-Antoine de Padoue